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UN RECTUM VOLCANIQUE
(F.Chakhtoura)

Gilbert,  27 ans se décide à aller consulter après 1 mois d'hésitation, pour l'émission de sang rouge dans les selles quotidienne, associée à des glaires et quelques ténesmes. Gilbert avait eu il y a 3 ans un ulcère bulbaire traité par l'association omeprazole 2 x 20 mg/j, clarithromycine 2 x 500 mg/j et amoxycilline 2 x 1 g/j pendant 7 jours suivi d'omeprazole 20 mg/j pendant 3 semaines. Il n'a aucun antécédent familial de polype ou cancer colique. Gilbert est d'origine Métropolitaine et habite Paea.
L'état général est conservé sans amaigrissement. Pas de fièvre. Les selles sont un peu molles sans syndrome diarrhéique.  L'examen abdominal est normal et le toucher rectal est douteux quant à l'intégrité de la muqueuse rectale.
L'endoscopie basse a montré de nombreuses lésions aigues surélevées, ulcérées et purulentes du rectum (Images 1 et 2, cliquer pour agrandir). La muqueuse du sigmoide et du colon gauche est normale.

                                                                                            
                                  Image 1                                                                                   Image 2

L'examen anatomo-pathologique des biopsies pratiquées n'a pas mis en évidence d'agent pathogène mais était parfaitement compatible avec une origine infectieuse.
Un traitement par Intetrix© et Flagyl© a fait très rapidement disparaitre toute symptomatologie et le contrôle endoscopique était normal.

COMMENTAIRES :
En Polynésie, la présence d'ulcérations recto-coliques dans un contexte non fébrile évoque en premier lieu une origine amibienne, du fait de la relative fréquence de cette pathologie. La clinique se résume à une diarrhée glairo-sanglante, et, fait important, elle évolue sans fièvre, contrairement aux diarrhées invasives d'origine bactérienne (shigellose, salmonellose, etc.). Le diagnostic se fait par l'examen parasitologique des selles fraichement émises qu'il faut savoir répéter à la recherche d'entamaeba histolytica histolytica. Un examen négatif n'excluant pas le diagnostic, l'endoscopie pourra faire le bilan exact des lésions et permettre des prélèvements biopsiques.
Dans cette observation, l'endoscopie de première intention a été motivée par l'absence de diarrhée franche et surtout le résultat du toucher rectal, indispensable pour explorer toute rectorragie.
Le diagnostic porté dans ce cas est celui de RECTITE AMIBIENNE, malgré l'absence d'agent pathogène décelable étant donné l'aspect endoscopique et la fréquence de cette pathologie à Tahiti. On en rencontre un peu partout en Polynésie, notamment dans les iles des Tuamotu, mais aussi à Tahiti (Faaa, Paea, Taravao,... ). Une   colite inflammatoire type maladie de Crohn était à discuter mais l'atteinte rectale isolée est rare dans cette pathologie et l'aspect endoscopique y est différent . Le traitement est essentiellement à base d'anti-amibiens de contact (intetrix) durant une vingtaine de jours. Dans cette observation, le Flagyl (anti-amibien tissulaire) a été prescrit par prudence du fait de l'ancienneté des symptomes.
La colite amibienne peut se compliquer d'atteintes viscérales, en premier lieu hépatiques, premier relais viscéral du transport veineux par le système porte.

L'amibiase hépatique réalise un tableau clinique de douleurs de l'hypochondre droit fébriles, avec hépatomégalie voire masse palpée en cas de volumineux abcès. L'épisode intestinal quelques semaines auparavant passe très souvent inaperçu. L'échographie et/ou le scanner confirment l'abcédation et le diagnostic positif est facile par la sérologie amibienne qui est pratiquement toujours positive à un titre élevé. (Résultats rapides à exiger du labo...). En cas de négativité, le diagnostic serait à revoir en faveur d'un abcès à pyogènes.
Le traitement de l'amibiase hépatique se résume en l'administration d'anti-amibiens tissulaires (flagyl ou flagentyl) pendant 7 jours environ. On y associe généralement un anti-amibien de contact (intetrix) pendant une vingtaine de jours. L'apyrexie est souvent obtenue au bout de 2 à 3 jours. La ponction évacuatrice ramenant un liquide "chocolat" n'est indiquée qu'en cas de très volumineux abcès superficiel avec risque de rupture.


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